Extraits du discours d’Anne Guillaud, directrice de la Maîtrise et du collège Saint-Bénigne
« Pour la première fois de son histoire, la Maîtrise évolue dans un lieu conçu pour elle, dans des conditions optimales de vie, de répétition et de développement.
En 2012, nous décidions d’engager la Maitrise dans un processus d’évolution. Nous rêvions de lui donner un cadre favorable dans un environnement porteur. Nous voulions pour la Maitrise sécurité et pérennité parce que nous en connaissons toute la valeur et toute la richesse.
Aujourd’hui, nous sommes là après 3 années de travail intense pendant lesquelles il a fallu tenir ferme la barre pour ne pas se laisser dérouter par des vents contraires.
Enfin, La Maitrise est chez elle et c’est une belle et grande joie pour toute notre équipe !
La Maitrise va pouvoir poursuivre ses missions. : Maitrise de Cathédrale au service de la liturgie, Ecole Maitrisienne Régionale assurant formation de qualité et préservation d’un patrimoine musical, choral et bourguignon. Ces 2 appellations se rejoignent sous le vocable « Maitrise de Dijon ». Une maitrise de Dijon, véritable patrimoine immatériel, fière de servir son Eglise, et de représenter sa ville, son département et sa région.
Elle va maintenant pouvoir se développer sur un terrain favorable. Ici, le nombre d’enfants et de famille est conséquent et déjà cette année nos classes de pré-maitrise (CE2, CM1 et CM2) sont à effectif complet. Le passage au chœur devrait se faire naturellement grâce au magnifique travail des professeurs de chant sous la direction d’Etienne Meyer. Ce d’autant que l’entrée au chœur n’est pas soumise à aucune sélection, à aucun examen d’entrée. Seuls l’envie de chanter et l’engagement suffisent à pouvoir intégrer ce dispositif volontairement ouvert à tous.
Rue du Tillot, les maitrisiens chantaient tout le temps. Dans les couloirs, en permanence, quand ils travaillaient sur informatique. Ils ne s’en rendaient même pas compte, comme une seconde nature. Ici, c’est la même chose. Je les entends chanter en sortant en récréation. Et je me dis que nous avons eu raison de croire possible la multi-culturalité, co-existence de plusieurs voies de culture et la mixité sociale comme refus du repli sur soi.
Vivent ensemble dans ces bâtiments des collégiens de tous horizons qui ont choisi différentes options : foot, théâtre, chant choral ou scolarité simple. Dans l’esprit de notre tutelle vincentienne, ils apprennent à se connaitre, à se respecter et chacun apprend de la richesse de l’autre dans un esprit d’ouverture. Tous sont heureux de ce qu’ils font et n’hésitent pas à le vivre pleinement et à le partager. C’est ce que nous voulions.
La Maitrise est avant tout une œuvre d’éducation. C’est ainsi que l’a voulu son fondateur, Monseigneur Moissenet. Une œuvre d’éducation à travers le chant choral.
Depuis 12 ans que j’en assume la responsabilité, j’ai vu chaque année des élèves de 3ème nous quitter pour continuer leur chemin et je peux vous affirmer que nos maitrisiens sont bien construits et qu’ils s’en vont solides et confiants.
Les années de collège sont des années fondamentales dans la construction de la personnalité. De l’enfance à l’adolescence, il y a cette période délicate où on se cherche, où on s’ouvre aux autres et au monde et sur laquelle se fondent valeurs et conduite de vie. Nos maîtrisiens ont beaucoup de chance. Certes, ils passent du temps à travailler leur art. Ils sont au collège plus longtemps que les autres et parfois même les week-ends ou pendant les vacances mais ils reçoivent énormément.
A travers ce projet, Ils font l’apprentissage du respect, respect dû à ceux avec lesquels on vit, à ceux qui comptent sur nous pour atteindre un objectif commun. Ce respect partagé et vécu au quotidien induit la confiance en soi : Savoir que je compte pour l’autre autant qu’il compte sur moi renforce et fait grandir.
Les maitrisiens font l’apprentissage de l’engagement et du service à rendre, engagement à être présent aux répétitions, aux offices, aux concerts. Chaque fois qu’on a besoin d’eux, chaque fois que la Maitrise a besoin d’eux.
Ils font l’apprentissage de la fraternité, de l’amitié car être maitrisien ça ne laisse pas indifférent,. Tout ce temps passé ensemble, tendu vers le même but, dans un même élan, cela soude. « La Maitrise, c’est ma seconde famille ! » nous disent-ils régulièrement et cette famille est unique. Elle se compose d’enfants de 6ème à la 3ème, de lycéens et de lycéennes, d’étudiants et d’adultes. C’est un groupe multi-âge où les plus anciens veillent sur les plus jeunes et les initient et où les plus jeunes, toujours curieux et plein d’allant, amènent les plus anciens à rester en mouvement. Ils sont rares les lieux où on peut ainsi vivre, surtout dans le domaine scolaire, très segmenté, ou à chaque âge correspond sa classe.
Ils font également l’apprentissage de la beauté et de l’effort nécessaire pour tenter de l’atteindre. Souvent, ils en sont étonnés, sont touchés par cette beauté qui leur ait donné d’approcher.
« Madame, c’était trop beau ! »
« Madame, ça m’a fait des frissons quand on a chanté le nouveau kyrie »
« Vous avez aimé Madame ce chant ? j’ai cru qu’on y arriverait pas mais quand on a tous chanté ensemble, c’était magique »
« Madame, au début j’avais pas envie de chanter ce genre de musique et maintenant j’adore ».
Autant de réflexions qui au cours des années résonnent dans nos cœurs à nous, professeurs et encadrants, comme une incitation à poursuivre, une assurance d’être sur la bonne voie.
Ainsi, les maitrisiens acquièrent à la fois performance musicale et scolaire car l’exigence de l’un se transmet à l’autre. Et le goût de bien faire, la recherche du beau et du bien se traduit dans la scolarité par le sérieux et la rigueur. Naturellement, comme une évidence, le maitrisien s’efforce de réussir sa scolarité et sa vie de la même façon qu’il s’efforce de bien chanter.
De la Maitrise, chacun en ressort donc grandit, confiant dans le monde et en lui-même. Pendant ces 4 années où le domaine scolaire et le domaine artistique sont en synergie, l’enfant de 6ème est devenu un adolescent de 3ème prêt à s’investir dans la vie et dans la société. Il a été maitrisien, il le restera toute sa vie : « Maitrisien un jour, Maitrisien toujours », cette maxime, choisie par des maitrisiens pour des maitrisiens est le symbole de la particularité de ce qu’ils ont vécu, la revendication d’une identité, d’une force reconnue.
Sur la dernière page du petit fascicule, sont mis en évidence un florilège des mots employés par les familles et les enfants pour qualifier le projet de la Maitrise. C’est cela la richesse de la Maitrise et c’est en cela qu’elle est précieuse.
Au-delà de la pratique savante du chant choral, grâce à elle bien sûr, à travers les missions qu’elle assume, grâce à elles aussi, la Maitrise est une œuvre d’éducation que nous sommes fiers de porter et de faire vivre.
Dans ces nouveaux locaux, Maintenant dotée d’un outil d’accueil et de travail adapté à sa spécificité, elle va pouvoir encore mieux vivre, se développer et offrir à toutes les familles qui le souhaitent la possibilité d’accueillir leurs enfants dans un projet formidablement porteur.
A la fois ancrée dans le passé et résolument tournée vers l’avenir, non seulement la Maitrise demeure bien vivante mais elle a farouchement l’envie de vivre. »